Bande Dessinée
Adapter La Route, le chef-d’œuvre « post-apocalyptique » de Cormac McCarthy, ne peut se faire sans vision. Si la trame de ce roman couronné par le prix Pulitzer en 2007 tient en quelques mots - un père et son fils traversent à pied un pays dévasté où les plus forts mangent – littéralement – les plus faibles -, sa puissance repose moins sur les péripéties que sur sa capacité d’évocation.
Évocation d’un monde effondré, d’une civilisation (la nôtre) à l’agonie, de paysages gelés, couverts de cendres et jonchés de carcasses diverses, où trouver un abri pour la nuit et de la nourriture est l’obsession de tout ce qui a survécu. Évocation, surtout, du lien viscéral, animal et douloureux qui unit un père en fin de parcours à son petit garçon et de l’inquiétude qui le taraude. Ce sentiment d’oppression, d’épuisement, de danger constant, cette mort avide que l’adulte tente à tout instant de masquer et d’éloigner du gamin, Manu Larcenet a su parfaitement le capter et le rendre. Silencieuse, réaliste, grave, désespérée, sa version dessinée tire le roman du côté du mythe.
C’est à une interminable descente aux enfers qu’il nous convie, vouée comme toute bonne catabase à la révélation d’un mystère, ici celui d’un amour paternel sans borne, et bien sûr à un dénouement tragique. Maître des ombres et de la lumière, Larcenet, qui teinte son noir et blanc de différentes nuances de gris colorés, baigne ses cases dans des halos très travaillés, joue beaucoup sur les contrejours et les silhouettes, et renforce cette impression de terreur sacrée.
S’il ne s’attarde pas sur les visages, les quelques cases où ceux-ci apparaissent apportent une humanité troublante, un trop plein d’émotions. Il y a, dans l’expression hagarde du petit comme dans le regard éperdu de l’adulte, un éclat soudain, une puissance digne des plus mémorables eaux-fortes de Gustave Doré. Plus encore que dans l’adaptation cinématographique réussie de John Hillcoat en 2009, la capacité de Larcenet à se glisser au plus profond de l’œuvre d’un autre est tout à fait remarquable.
Évocation d’un monde effondré, d’une civilisation (la nôtre) à l’agonie, de paysages gelés, couverts de cendres et jonchés de carcasses diverses, où trouver un abri pour la nuit et de la nourriture est l’obsession de tout ce qui a survécu. Évocation, surtout, du lien viscéral, animal et douloureux qui unit un père en fin de parcours à son petit garçon et de l’inquiétude qui le taraude. Ce sentiment d’oppression, d’épuisement, de danger constant, cette mort avide que l’adulte tente à tout instant de masquer et d’éloigner du gamin, Manu Larcenet a su parfaitement le capter et le rendre. Silencieuse, réaliste, grave, désespérée, sa version dessinée tire le roman du côté du mythe.
C’est à une interminable descente aux enfers qu’il nous convie, vouée comme toute bonne catabase à la révélation d’un mystère, ici celui d’un amour paternel sans borne, et bien sûr à un dénouement tragique. Maître des ombres et de la lumière, Larcenet, qui teinte son noir et blanc de différentes nuances de gris colorés, baigne ses cases dans des halos très travaillés, joue beaucoup sur les contrejours et les silhouettes, et renforce cette impression de terreur sacrée.
S’il ne s’attarde pas sur les visages, les quelques cases où ceux-ci apparaissent apportent une humanité troublante, un trop plein d’émotions. Il y a, dans l’expression hagarde du petit comme dans le regard éperdu de l’adulte, un éclat soudain, une puissance digne des plus mémorables eaux-fortes de Gustave Doré. Plus encore que dans l’adaptation cinématographique réussie de John Hillcoat en 2009, la capacité de Larcenet à se glisser au plus profond de l’œuvre d’un autre est tout à fait remarquable.